PROUT BOUM

Et à 21 heures, ce sera Prout-boum.

Un jour je suis tombé sur cette définition : Explosion, du latin explosio, « action de huer ». J’ai trouvé ça très intéressant. On commence par huer et, de fil en aiguille, on en arrive à poser une bombe. Ça mérite réflexion surtout en ce moment où, s’agissant d’explosion, on a de plus en plus tendance à ne plus réfléchir, à accepter les idées qui flottent dans l’air du temps, à se contenter d’approximations pour juger des choses.

J’ai beaucoup écrit sur ce thème, sur « prout » et sur « boum », sur le terrorisme, passé et présent, sur la fonction du terrorisme dans nos sociétés. Des scènes, des réflexions, des petits monologues, une cinquantaine de textes, mais je n’avais pas envie d’écrire une pièce, d’autant plus que Paquet suspect était déjà écrit. Alors je me suis dit pourquoi pas quelque chose à plusieurs. L’occasion de travailler avec des gens que j’estime particulièrement et qui peuvent entrer dans cette opération. Comme Frances, qui fait de la photo, ou mon fils Sébastien, qui fait de la techno.

Et puis il y a des amis très anciens, Gérard Paris-Clavel, le graphiste et plasticien, dont on connaît beaucoup d’œuvres, qui a conçu l’affiche et la carte postale ; Jean-Marc Peytavin, cinéaste, informaticien, pyrotechnicien, qui sera là avec son piano à images, son iconocraquette ; Guy Lenoir le metteur en scène, qui présentera un montage de textes de Son Labou Tansi, le Congolais qui est mort il y a dix ans et qui disait, ce sera son thème : « l’Afrique est la preuve que l’homme n’est pas encore humain » ; Bemard Lubat avec son piano à bretelles et sa super table à rythmes ; Naama Zribi, qui fera de la danse orientale ; un jeune danseur hip-hop et Claude Hoger, peintre. Et moi bien sûr, avec quelques petits textes… Ce sera une imbrication de performances que nous répèterons, mêlerons et emmêlerons pendant une heure vingt, une heure trente. Une sorte de cérémonie, de célébration en l’honneur de la place des Carmes, qui offre en ce moment un spectacle en harmonie avec le monde tout entier crevassé. L’avenir est au travail. Il en sortira bien quelque chose. Ça fait beaucoup de bruit, mais rien n’a encore explosé malgré de nombreuses fuites de gaz. Tout sera comme neuf…

CAPTATION, 1H