RENCONTRES URGENT CRIER 2015
TEXTURES est un film/poème vite fait en solo avec une petite caméra anti-trantoule qui poursuit au gré du vent quelques personnages ayant croisé l’œil d’André Benedetto, de près ou de loin, dans la Crau, les Alpilles, la Camargue, Chamfleury, Uzeste, au sommet de Tehotihuacan ou ailleurs. La matière du texte et la sculpture des mots tissent dans le temps une trame interminable. L’occasion est la tessiture de tout ce qui arrive.
L’occasion, ici, ce sont les » rencontres André Benedetto 2015″.
Dans les années 1966-67, la Nouvelle Compagnie donnait déjà au Théâtre des Carmes trois soirées happenings mémorables fouillant la musique, la peinture et le happening lui-même, « Verbophonie », avec A.Pétronio, « Matières » avec Michel Trinquier et un « Concert Fluxus / le son du velours noir » de Ben Vautier.
En dehors de la genèse du théâtre qu’André séquençait pour son propre usage, Brecht, Artaud, Shakespeare et le chœur grec, théâtre des lieux, théâtre poïélitique, ready-made, j’étais séduit par son insatiable attrait pour tous les autres actes de création, à condition qu’ils échappent à la doxa ambiante. C’était un récalcitrant curieux des gens et du verbe libérateur.
« TEXTURES », post-scriptum aux Bibliothèques du vent, dernier signe à un ami.
On y voit René, le frère infatigable, à la recherche du partage des eaux, Christian Bourgeois, Bessompierre, J. Taris, Q. Araguas, peintres, R. Manivel, spectateur, un dialogue d’outre tombe avec Félix Castan, S.Pey, C.Silvestre et Cézanne, A. Mnouchkine, H. Lammler et C.Cabane, A.Minvielle à roue, J.Brémond et sa pyramide, Bernard Lubat aux aguets avec son a-musique, présente, forcément… A la fin, on y entend Nelly Pulicani, jeune actrice. Elle a croisé le texte du « Memento Occitan » et l’a monté et dit avec l’évidence d’un éclat de silex. Elle n’a pas connu l’auteur et a joué cet épisode, guidée par une main précise et invisible, sur le clavier d’une machine à s’écrier.
Et à la fin des fins,
quelques paroles d’ A.B., désormais magnétiques.
« il ne restera que des images et des souvenirs » avait-il annoncé.
Dont acte.
JM Peytavin, 30/6/2015
RENCONTRES URGENT CRIER 2016
Statues éternelles, plaquées au mur le 7 juillet 2016
Le 7 juillet 2016, la cérémonie réunissait plus de monde et de caméras que de spectateurs lors de la création de la pièce en 1996. Bertrand Hurault en maître de cérémonie pour accueillir les édiles locaux, Philippe Caubère, Ariane Mnouchkine, etc. Claude Djian et Charlotte Adrien ont donné quelques extraits de « Statues », variante théâtre de rue, ce qui n’était pas une mince affaire. Là est l’alchimie du théâtre. Un texte dit initialement dans le noir et enfermé dans un cube clos qui se retrouve projeté en plein soleil sur un trottoir, toujours en vie finalement.
Puis Ariane, les ciseaux à la main, en peu de mots, à demi-voix, a parlé du corps de l’homme, de sa beauté et de sa fureur inoubliables.
D’une main de sage femme elle a coupé le fil de ce qui semblait être un cordon ombilical des limbes et le linceul noir est tombé, laissant apparaître, rivée au mur, la marque d’un commencement révolu.
Et de là on a vu surgir des milliers d’oiseaux rieurs, chacun son cri, emporter à tire d’aile l’âme libérée du poète vers les herbes folles du temps retrouvé.
jmp/07/2016